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LE SAPIN.


Il est un arbre fier, droit, austère & robuste,
Que n’aime pas l’oiseau, ni la fleur, ni l’arbuste,
Ni la vigne flexible aux rameaux caressants.
Floréal le dédaigne & brumaire l’oublie ;
Et jamais on ne voit que la tempête plie
Sa tête échevelée ou ses bras menaçants.

Il vit seul au milieu de la forêt immense.
Le froid & la nuit sont où son ombre commence,
Et dans le sentiment de ce grand abandon,
Il monte hardiment plus haut que tous les chênes,
Jusqu’à ce que, le front chargé de lourdes chaînes,
Il tombe tout entier aux pieds du bûcheron.