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LE SACRIFICE D’ABRAHAM.


Or sous ses pieds plus lourds, le chemin plus glissant
Obligeait Abraham à ralentir sa marche :
Il comptait tous les coups de son cœur frémissant.

Comme aux temps de terreur où Noé bâtit l’arche,
Le ciel pesait ainsi qu’une voûte d’airain
Sur le front anxieux du pâle patriarche.

Et, quand il se tournait à l’horizon serein,
Il croyait voir debout la Fatalité sombre
Qui le poussait au but de son doigt souverain.

Isaac souriant pensait au bois plein d’ombre
Où sa mère priait, l’œil au ciel attaché,
Pour que les voyageurs revinssent sans encombre.

Abraham cependant avait tout dépêché :
L’autel était dressé, la flamme toute prête,
Et l’enfant bien lié sur les fagots couché.

Nul n’abordait jamais cette haute retraite,
Ils étaient seuls. Pourtant, lorsque du glaive armé
Il étendit le bras, une voix dit : « Arrête ! »