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LES STOÏQUES.

Ont dit l’humanité, ses martyrs & ses dieux,
Pour le dernier combat & la sainte victoire,
Héros de l’idéal humain, au ciel de gloire
Vous les faites revivre & les groupez autour
Du Christ consommateur du mystère d’amour,
Qui, du haut de sa croix triomphant de leur nombre,
Par sa seule vertu les rejette dans l’ombre.
— Or cette noble lutte, ô penseur grave & fier,
Est encore aujourd’hui ce qu’elle était hier ;
Grâce à vous je la vois, devant l’histoire austère,
Comme en l’éternité dans toute âme sur terre.
Ce que votre génie embrasse & nous fait voir,
Chaque homme le reflète ainsi qu’un sûr miroir,
Et, reprenant toujours la scène commencée,
Est acteur en ce grand drame de la pensée.

Oui, le combat rugit en nous
Comme une tempête implacable,
Qui nous enfièvre & nous accable
Au souffle ardent de son courroux.
Le bras armé de la Méduse,
Notre sagesse se refuse
À courber son front révolté ;
Et bientôt, lassés du tumulte,