Page:Siefert - Les Stoïques, 1870.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
DÉDICACE.

À voir mon nom écrit sur le feuillet premier. »
Des larmes ont scellé ma promesse, & ce livre,
Ô grand’mère, aujourd’hui qu’à son sort je le livre,
Je te le donne tout entier.

Prends-le donc sous ta garde & reçois-en l’hommage,
Et, si peu de valeur qu’il ait, dans mainte page
Reconnais tes récits & sens battre ton cœur.
— Ah ! que de fois, jadis, à tes genoux assise,
Pressant à l’épuiser ta patience exquise
Et venant, grâce à toi, reprendre au temps vainqueur
Quelques-uns des trésors cachés dans ta mémoire,
Je t’ai redemandé la chanson ou l’histoire
Qui me faisait sourire & te faisait pleurer !
Que de fois, en souci de ces choses fanées
Et par toi remontant le fleuve des années,
J’ai tenté de les recouvrer !

Ou, de même inutile & trop souvent oisive,
Comme un contraste avec ma tristesse pensive,
Comme un but proposé que je ne puis courir,
Moi qui vis au dedans cachée & repliée
Et, plaintive alouette à sa cage liée,
Sais seulement chanter &, s’il le faut, souffrir,