Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Que cette volupté, dans sa sainte ignorance,
T’offre de diadème, ô jeune conquérant !
Ces vaisseaux, ces appels, ces hymnes, ce silence,
C’est la latinité qui reconnaît son sang.

Marchons encor. Je veux oublier le voyage
Qui dresse sur mes yeux l’espace et l’avenir
Et, très humainement, penché sur ton visage
Croire que, déjà mort, tu ne pourras mourir.

Vois, la lune est levée sur le monde des îles,
La mer cerne d’azur la coupe de Gyptis,
Ton corps n’est pas couvert de ténèbre et d’argile,
Sur ta bouche est l’amour et dans ta main le lys.

Tu vis, tu vis, tu vis ! Les pêcheurs dans les barques,
Les clochers dans le ciel te montrent le matin
Que l’Orient, ce grand berger, conduit et parque
Dans le golfe des dieux méditerranéens.

Les vierges t’ont tressé la couronne d’acanthe
Et te portent le vin dans l’amphore de grès ;
Sous ce feuillage clair, mets ta tête vaillante
Et bois ce pur raisin que Cérès préparait.