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et se rattrapent !… On peut donc être des enfants vivants avec des yeux morts ? Voyez, ils ont chaud comme des fruits ; ils mûrissent. On peut donc mûrir sans voir le soleil, sœur Madeline ?

Et moi qui sens que le soleil se cache et ne l’ai pas encore tout à fait perdu, pourquoi suis-je triste, triste et fané sur moi-même ?

Ô sœur Madeline, ne pourriez-vous me prendre avec vos enfants, me refaire petit en étouffant mes yeux, m’apprendre à jouer avec les pensées des autres, à lire avec les doigts sur les minces claviers ?

Dites, dites, c’est bon alors d’être petit et d’être aveugle ? Ils ne verront jamais la misère, la misère laide et noire que je vois, que j’aurai vue ?