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étrange et si brutale, que j’eus un moment la crainte de m’être trouvé sur le chemin d’un aveugle doublé d’un fou.

Il dut comprendre ma surprise car il ajouta presque aussitôt :

— Oui, on m’a poignardé les yeux… Imaginez un assassin raffiné, savant, mystique, qui choisit pour planter son couteau, l’orbite à la place du cœur ! Eh bien, monsieur, cet assassin existe, vous parlez à une de ses victimes, il habite Paris, il a un hôtel, des chevaux, il gagne de l’argent à force de tuer des yeux et on lui laisse continuer son commerce, son trafic, on ne l’arrête pas…

Ah ! le gueux ! le gueux !

L’horrible vieillard s’était redressé ; son buste paraissait grandi de moitié ;