Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène III.


Une salle antique.


Charles Surface, Careless, Sir Harry, etc, à table, avec du vin, etc.

Charles Surface, assis au haut bout de la table. — Par le ciel, c’est vrai !… Voilà en quoi surtout notre siècle est dégénéré. La plupart de nos connaissances ont du goût, de l’esprit, de l’éducation ; mais, que le diable les emporte, elles ne gavent pas boire.

Careless. — C’est parfaitement exact, Charles ! On donne dans tous les excès de la bonne chère à table et l’on ne se prive de rien, si ce n’est de vin et de verve. Oh ! certainement, il en résulte pour la société un mal intolérable. Aujourd’hui, au lieu de cet entrain et de cette gaieté communicative qui s’échappaient d’ordinaire d’un verre de bourgogne limpide, la conversation des gens ressemble tout à fait à l’eau de Spa qu’ils consomment : vive et pétillante comme le Champagne, mais sans en avoir ni le fumet ni la saveur.

Sir Harry. — Mais que deviennent ceux qui préfèrent le jeu au vin ?

Careless. — Il est vrai : voici sir Harry qui se condamne lui-même à la diète pour jouer et qui, dans ce moment, suit le régime du hasard.

Charles. — Il ne s’en trouvera pas mieux. Quoi ! voudriez-vous entraîner un cheval de