vous soyez entretenue avec cet aimable jeune homme, ne pensez-vous pas que son affection pour vous mérite d’être payée de retour ?
Maria. — En vérité, sir Peter, vos instances réitérées sur ce sujet m’affligent extrêmement… Vous m’obligez à vous déclarer qu’il n’y a personne, parmi ceux qui ont pu me distinguer, que je ne préférasse à M. Surface.
Sir Peter. — C’est à ce point !… Voilà un méchant caprice !… Non, non. Maria, il n’y a que Charles que vous préféreriez. C’est évidemment ses vices et ses folies qui vous ont séduite.
Maria. — Vous êtes cruel, monsieur. Vous savez que je vous ai obéi en cessant de le voir et de lui écrire : j’en ai appris assez pour me convaincre qu’il n’est pas indigne de mon estime. Cependant, et je ne pense pas que ce soit un crime, en même temps que ma raison condamne ses vices, mon cœur éprouve quelque pitié de ses malheurs.
Sir Peter. — Bien, bien, apitoyez-vous sur son compte autant qu’il vous plaira ; mais qu’un plus digne reçoive votre cœur et votre main.
Maria. — Ce ne sera pas son frère, toujours ! (Elle passe.)
Sir Peter. — Allez… capricieuse et obstinée que vous êtes ! Mais prenez garde, mademoiselle ; vous ne savez pas encore ce que c’est que l’autorité d’un tuteur : ne me forcez pas à vous l’apprendre !
Maria. — Je puis vous dire seulement que je ne vous en fournirai pas un sérieux motif. Il est vrai, par la volonté de mon père, j’ai le devoir,