reste de la compagnie, qui entre dans la pièce voisine. Surface et Maria s’avancent sur le devant de la scène.)
Joseph Surface. — Maria, je vois que vous ne vous plaisez pas du tout dans cette société.
Maria. — Comment pourrait-il en être autrement ?… Si exciter le rire aux dépens des infirmités ou des infortunes de ceux qui ne nous ont jamais fait de mal, est le privilége de l’esprit ou de la gaieté, puisse le ciel m’accorder une double dose de sottise !
Joseph Surface. — Bah ! ils sont moins méchants qu’ils n’en ont l’air ; ils n’ont pas mauvais cœur.
Maria. — Alors leur conduite n’en est que plus méprisable, car, suivant moi, ils ne sauraient avoir pour excuse de l’intempérance de leur langage, qu’un esprit naturellement et irrésistiblement venimeux.
Joseph Surface. — Mais pouvez-vous bien, Maria, éprouver tant de sympathie pour des étrangers, et rester inhumaine pour moi seul ?… Dois-je m’attendre à ce que vous repoussiez l’amour le plus tendre ?…
Maria. — Pourquoi m’affliger en revenant sur ce sujet ?
Joseph Surface. — Ah ! Maria, vous ne me traiteriez pas ainsi, et cela contre le gré de sir Peter, votre tuteur, si je n’avais encore, je le vois bien, un rival préféré dans ce libertin de Charles.
Maria. — Vous n’êtes guère généreux !… Mais, quels que soient mes sentiments à l’égard