Lady Teazle. — Eh quoi ! voudriez-vous restreindre la liberté de la parole ?
Sir Peter. — Ah ! ils vous ont rendue tout aussi méchante que n’importe qui de leur société.
Lady Teazle. — Mais, je crois que j’y tiens mon rang avec assez de grâce.
Sir Peter. — De la grâce, en vérité !
Lady Teazle. — Seulement, je proteste que je ne mets aucune méchanceté dans mes attaques… Quand je dis une malice, ce n’est que par pure plaisanterie ; et je tiens pour de bonne guerre qu’on me rende exactement la pareille… Mais, Sir Peter, vous savez que vous avez promis aussi d’aller chez Lady Sneerwell ?
Sir Peter. — Bien, bien, j’y passerai, ne fût-ce que pour veiller sur ma réputation.
Lady Teazle. — S’il en est ainsi, hâtez-vous de me suivre, ou vous arriverez trop tard. Adieu donc ! (Elle sort)
Sir Peter. — Voilà… j’ai bien réussi avec mes remontrances soigneusement préparées !… Cependant, de quel air charmant elle me contredit sans cesse, et qu’elle est séduisante dans le mépris qu’elle montre pour mon autorité ! Oui, quoique je ne puisse faire qu’elle m’aime, ce m’est une grande satisfaction de me quereller avec elle ; et je crois qu’elle ne paraît jamais si pleine d’attraits que lorsqu’elle fait tout son possible pour me tourmenter. (Il sort.)