pour vous mener à Kensington-Gardens[1]. Vous ne vous souvenez plus du tout, je suppose, du temps où vous étiez heureuse de monter en croupe, derrière le sommelier, sur un cheval de trait à queue écourtée.
Lady Teazle. — Non… j’affirme que je ne l’ai jamais fait : je nie le sommelier et le cheval de trait.
Sir Peter. — Voilà, madame, quelle était votre position ; et qu’ai-je fait de vous ? Une dame élégante, riche, titrée ; en un mot, je vous ai faite ma femme.
Lady Teazle. — Eh bien, alors, il ne vous reste plus qu’une chose à faire pour mettre le comble à ce que je vous dois, et c’est de me faire…
Sir Peter. — Ma veuve, je suppose ?
Lady Teazle. — Hem ! hem !
Sir Peter. — Je vous remercie, madame… Mais ne vous flattez pas trop ; car, bien que vos méchants procédés puissent troubler la paix de mon âme, ils n’iront pas jusqu’à me faire mourir de chagrin, je vous le promets. Toutefois, je ne vous en suis pas moins obligé du compliment. (Il passe de l’autre côté.)
Lady Teazle. — Aussi, pourquoi prenez-vous à tâche de m’être à ce point désagréable, et de me contrarier dans toutes mes petites dépenses élégantes ?
Sir Peter. — Vive Dieu ! madame, je le répète,
- ↑ Jardin public très-fréquenté. Avec Hyde-Park, Regent’s-Park et Victoria-Park, un des rendez-vous de la haute société et du monde élégant à Londres.