Par Dieu ! madame, c’est un bel esprit et aussi un charmant poëte ; n’est-ce pas, Lady Sneerwell ?
Sir Benjamin. — Oh ! fi, mon oncle !
Crabtree. — Non, parbleu, c’est la vérité ! Je tiens pour lui, qu’il s’agisse d’un rébus ou d’une charade, contre le meilleur rimeur du royaume… Madame a-t-elle entendu parler de l’épigramme qu’il composa la semaine dernière sur l’embrasement des marabouts de Lady Frizzle[1] ?… Allons, Benjamin, redites-la, ou bien la charade impromptu que vous fîtes hier soir à la réunion de Mrs Drowzie[2]. Allons donc !… votre premier est le nom d’un poisson, votre second un grand commandant de marine, et…
Sir Benjamin. — Mon oncle, voyons… vous êtes d’une indiscrétion…
Crabtree. — Vraiment, madame, vous seriez surprise de sa facilité pour ces sortes de choses.
Lady Sneerwell. — Je m’étonne, Sir Benjamin, que vous n’ayez jamais rien publié.
Sir Benjamin. — À vrai dire, madame, c’est bien vulgaire de se faire imprimer ; et, comme mes petites productions sont pour la plupart des satires et des pamphlets sur des particuliers, je trouve qu’elles se répandent davantage par les copies que je confie aux amis des personnes en jeu. (Il s’avance vers Maria.) Cependant, j’ai quelques élégies amoureuses que je me propose de donner au public, si mademoiselle veut me faire la faveur de les agréer.