Lady Sneerwell. — Poussés tous deux par notre intérêt… Il y a longtemps que je l’ai deviné. Je le connais à présent : il est rusé, égoïste et méchant… bref, c’est un coquin sentimental. Et aux yeux de sir Peter, aux yeux de tous ceux qui le fréquentent, il passe pour un jeune prodige de sagesse, de bonté et de bienfaisance.
Snake. — Oui : sir Peter va jusqu’à jurer qu’il n’a pas son pareil en Angleterre… et surtout, il l’exalte comme un homme à principes.
Lady Sneerwell. — En effet… et, sous le couvert des principes, l’hypocrite l’a mis entièrement dans son jeu vis-à-vis de Maria. Le pauvre Charles, lui, n’a pas d’ami dans la maison, si ce n’est, j’en ai peur, un bien puissant dans le cœur de Maria, et c’est contre celui-là que nous devons diriger nos batteries.
Le Domestique. — M. Surface !
Lady Sneerwell, traversant la scène. — Faites monter. (Le domestique sort.) Il passe généralement chez moi à cette heure-ci. Je ne m’étonne pas qu’on me le donne pour adorateur.
Joseph Surface. — Ma chère lady Sneerwell, comment allez-vous aujourd’hui ?… M. Snake, votre tout dévoué.
Lady Sneerwell. — Justement, Snake venait de me plaisanter sur notre attachement réciproque ; mais je l’ai informé de nos vues réelles.