épisodiques, des comparses, qui s’agite au deuxième ou au troisième plan.
Examinons maintenant les procédés de mise en scène de M. Sardou, puisqu’aussi bien c’est un de nos faiseurs les plus estimés. Nous constaterons que, dans toutes ses pièces, il y a un raisonneur, habillé il est vrai à la moderne, pédagogue aux théories originales, faisant la leçon à tous les personnages, et leur adressant sur un ton léger des remontrances spirituelles, avant de les tirer d’embarras. Le mari, la femme, l’amant, le traître ne manquent pas non plus à l’appel, quoique transformés par le progrès. Ainsi le progrès veut que le petit jeune homme qui, à côté de l’action principale, conte fleurette à l’ingénue, l’enlève ou tente de l’enlever. Seulement, le progrès n’a rien pu contre l’antique ressource des lettres compromettantes égarées, qui ont failli ou dû tomber entre les mains de la personne intéressée, que tout le monde cherche afin de gagner du temps et qu’on trouve très-naturellement, dès que l’auteur n’en a plus besoin.
En thèse générale, le pivot des pièces modernes est une femme mariée, qui a trompé, trompe ou va tromper son mari. Tout est là, et c’est la sauce qui fait passer le poisson. Nous sommes donc fondé à conclure que, ni du côté de la peinture des mœurs ni du côté même de l’intrigue, notre théâtre contemporain ne saurait sérieusement et loyalement lutter contre ces bonnes vieilles pièces, naïvement mais solidement charpentées, qui résistent aux injures du temps et aux coups de la critique. Ajoutons que la plupart de nos auteurs n’ont pas même pour eux le mérite de l’idée première de leurs œuvres, et qu’ils pillent des sujets un peu partout. Si, du moins, ils tiraient de ces matériaux empruntés à tort et à travers de véritables comédies, marquées au coin de la raison, du bon goût, de l’esprit, à la bonne heure !