tuffe où Orgon se cache sous la table. Mais, malgré cet air de famille, cette scène n’en est pas moins une des plus amusantes, une des plus franchement comiques qu’il y ait au théâtre. Sheridan l’a faite pour ainsi dire sienne, il se l’est appropriée par la nouveauté, l’agencement heureux des détails, et par les mots spirituels dont elle fourmille.
Du reste, ce n’est, d’un bout à l’autre de la pièce, qu’un feu roulant de saillies brillantes et de traits piquants. L’auteur de l’École de la Médisance n’est pas si exclusif que l’Armande des Femmes savantes. Il ne dit point :
- Nul n’aura de l’esprit, hors nous et nos amis.
Tout le monde a de l’esprit chez lui, amis et ennemis, maîtres et valets. Heureusement, il n’en résulte aucune fatigue ; car, sans cela, on pourrait avancer que le plus sérieux reproche à lui faire, c’est d’en avoir trop mis, d’avoir bourré sa pièce d’autant d’esprit qu’il en faudrait pour alimenter vingt « chefs-d’œuvre » de nos auteurs contemporains.
Citerons-nous les deux scènes entre sir Peter et lady Teazle, merveilles d’enjouement et d’humour, véritable modèle de dispute conjugale ; la vente des portraits, l’épisode du duel, les divers cours de médisance tenus chez lady Sneerwell, etc. ? Quelle verve, quelle facilité d’invention, quel charme de style, quelle finesse toute française et, qui plus est, toute parisienne ! N’étaient les noms et certaines expressions du crû, ne se croirait-on pas bien loin de Londres et plus près de la Seine que de la Tamise ?
Nous aimons moins le souper chez Charles, qui ressemble trop aux orgies de carton de nos drames et de nos comédies hybrides, et qui donne, peut-être avec intention, une bien faible idée des débauches de ce