rière un paravent. Nous dirons seulement que le vice couvert des dehors de la vertu est enfin puni dans Joseph, qui se voit trahi ou gourmandé par ses propres complices, et que l’honneur, resté intact malgré les excès d’un jeune tempérament, est récompensé dans Charles qui épouse, en dépit de toutes les manœuvres, Maria, pupille de sir Peter.
Ce sont des personnages épisodiques : Lady Sneerwell, Mrs Candour, Crabtree et sir Benjamin Backbite, réunion de mauvaises langues et de méchants esprits, qui se chargent de justifier le titre de la pièce : École de Médisance, en tenant les fils de l’intrigue. Ce sont eux qui ont fait à Charles une réputation déplorable et à Joseph, un des leurs, un renom de probité sans égale. Ce sont eux qui, par des insinuations, des bruits malveillants, jusqu’à des lettres supposées, sèment la défiance, le trouble et la division dans les familles ; qui ont réussi à rendre sir Peter jaloux de sa femme et de Charles, à mettre Joseph à l’abri des soupçons, enfin à brouiller Charles avec Maria, en imaginant des lettres qui engagent ce jeune homme avec lady Sneerwell, l’habile directrice de l’École de la Médisance.
Telle est la sèche et incomplète analyse de la comédie qu’on lira plus loin. On le voit : l’intrigue n’a rien de nouveau ni d’original ; le Joseph Surface ressemble fort au Tartuffe de Molière et sir Peter Teazle au pauvre Orgon, « mis au point de voir tout sans rien croire », qui, détrompé enfin, s’écrie :
Ah ! ah ! l’homme de bien, vous m’en vouliez donner !
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Vous épousiez ma fille et convoitiez ma femme.
Au lieu de la fille, mettez la pupille que, dans son aveuglement, sir Peter destinait à Joseph, et la situation est la même. Il n’est pas jusqu’à la scène du paravent qui ne soit bien proche parente de celle de Tra-