du naufrage. Le faux usurier va se retirer fort mécontent, quand il avise dans un coin un portrait oublié, dont il offre autant que de tous les autres. Ce portrait est le sien ; mais Charles, plein de reconnaissance pour son bon oncle Oliver, dont il a reçu maints témoignages de libéralité, refuse obstinément de se séparer, à quelque prix que ce soit, d’un souvenir qu’il gardera, dit-il, tant qu’il aura une chambre où le mettre.
À ce trait, qui rachète à ses yeux tous les torts et toutes les fredaines du jeune homme, sir Oliver reconnaît que Charles mérite encore son estime. Néanmoins, il conserve son incognito et se rend chez son second neveu Joseph, où il se présente comme un parent pauvre du nom de Stanley, en le suppliant de lui venir en aide. Joseph le plaint vivement, il lui offre toutes les consolations possibles, mais il se déclare dans l’impuissance de l’assister. Il a dû, prétend-il, donner beaucoup d’argent pour payer les folies de son frère et, quant à sir Oliver, dont on croit qu’il a reçu des sommes considérables, c’est un vieux ladre qui ne lui a jamais envoyé des Indes que des petits cadeaux insignifiants.
Ce double mensonge achève d’éclairer sir Oliver sur l’hypocrisie et l’égoïsme de celui qui passe pour un homme vertueux et serviable. En même temps, on lui remet de l’argent de la part de Charles, qui s’imagine obliger son parent pauvre, preuve surabondante que ce dernier est un honnête garçon, chez lequel une mauvaise tête n’arrête pas les élans d’un cœur généreux.
Mais il ne suffirait pas que sir Oliver fût édifié sur le compte de Joseph, si ce Tartuffe du grand monde devait continuer à faire des dupes. Il n’en est pas ainsi, et sir Peter Teazle ne tarde pas à ouvrir les yeux à son tour. Nous ne raconterons pas comment il découvre sa jeune femme cachée chez Joseph, der-