princières. Les altesses royales, les grands dignitaires et les plus illustres hommes d’État du royaume, qui s’étaient fait gloire autrefois de son amitié, et qui pouvaient, quelques jours avant, le tirer du besoin ou tout au moins adoucir son agonie, ne se souvinrent de Sheridan que pour l’accompagner au tombeau. Il fut enterré en grande pompe à Westminster, entre Garrick, son ami, et Cumberland, son adversaire.
Complétons ces renseignements sur la vie de Sheridan, empruntés à son excellent biographe Thomas Moore, par quelques détails qui achèveront de le faire connaître :
L’auteur de l’École de la Médisance était d’une taille au-dessus de la moyenne, fort et bien fait. Sa figure était agréable et sympathique, ses yeux particulièrement expressifs et pleins de feu. Il avait la manie de travailler le soir, à la lueur d’une multitude de flambeaux. Il puisait d’ordinaire son inspiration dans le jus de la treille ou, selon l’expression rabelaisienne, dans « la dive purée septembrale ». Ce n’est pas à dire que ce fût un ivrogne, comme ses ennemis l’ont prétendu. Il aimait le vin, mais n’en abusait pas. « Un verre de bon vin, assurait-il, encourage la pensée qui tarde à venir et, quand elle est venue, un verre de bon vin la récompense. »
D’un caractère léger, imprévoyant, sans ordre ni économie, Sheridan s’est peint lui-même dans le jeune Charles de son École de la Médisance, donnant de l’argent quand il en a et ne s’inquiétant point de l’avenir. Il fit comme tant d’autres hommes de lettres que, de nos jours surtout, on a vus gaspiller des fortunes entières refaites plusieurs fois, et succomber à la fin sans laisser même de quoi se faire enterrer.
Mais, si Sheridan fut coupable d’insouciance et de négligence, du moins il n’eut jamais à rougir d’une indélicatesse et il poussait la probité jusqu’au scrupule. Il mérite donc de figurer parmi les illustrations