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votre cœur vous égare. Vous jugez d’autrui par vous-même.

Joseph. — Certainement, sir Peter, le cœur qui a conscience de sa pureté a toujours de la peine à croire à la perfidie des autres.

Sir Peter. — Oui… mais votre frère n’a pas de principes… Vous ne l’avez jamais entendu tenir un tel langage.

Joseph. — Cependant, lady Teazle elle-même a, je le crois, trop de principes…

Sir Peter. — Certes ; mais que peuvent les principes contre les compliments d’un jeune homme aimable et spirituel ?

Joseph. — C’est bien vrai.

Sir Peter. — Et puis, vous savez, par suite de notre différence d’âge, il n’est pas à présumer qu’elle puisse avoir beaucoup d’affection pour moi ; et si elle venait à succomber, et que je le révélasse au public, dans ce cas toute la ville se gausserait de moi seul, du vieux fou de célibataire qui a épousé une jeune fille.

Joseph. — C’est juste, évidemment… on en rirait.

Sir Peter. — Parbleu ! si on en rirait… et l’on ferait sur moi des chansons, des plaisanteries dans les journaux, et le diable sait quoi encore !

Joseph. — Non… il faut vous garder de rendre l’aventure publique.

Sir Peter. — Mais j’y reviens toujours… que ce soit le neveu de mon vieil ami, sir Oliver, qui entreprenne une action si noire, voilà ce qui me blesse le plus profondément.