quand il connaît la pureté de mon cœur… en vérité, c’est monstrueux.
Joseph. — Mais, ma chère lady Teazle, vous le souffrez parce que vous le voulez bien. Lorsqu’un mari soupçonne injustement sa femme et lui retire sa confiance, le pacte primitif est rompu, et elle doit à l’honneur de son sexe de faire tous ses efforts pour le tromper.
Lady Teazle. — Vraiment !… De sorte que, s’il me soupçonne sans motif, il s’ensuit que le meilleur moyen de le guérir de sa jalousie est de la justifier ?
Joseph. — Sans aucun doute… C’était à votre mari à ne pas vous méconnaître, et alors, en succombant, vous ne faites que rendre hommage à son discernement.
Lady Teazle. — Voilà, à coup sûr, d’excellentes raisons ; et quand le sentiment de mon innocence…
Joseph. — Ah ! ma chère madame, voilà où vous vous trompez profondément : c’est le sentiment invétéré de votre innocence qui vous cause le plus grand tort. Qui vous rend insouciante des apparences et vous fait dédaigner l’opinion ?… Le sentiment de votre innocence… Qui vous empêche de vous surveiller et vous fait commettre mille petites inconséquences ?… Encore le sentiment de votre innocence. Qui vous rend incapable de supporter le caractère de sir Peter et vous fait regarder ses soupçons comme autant d’outrages ?… Toujours le sentiment de votre innocence !
Lady Teazle. — C’est la pure vérité !