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Joseph, à part. — Bravo ! mes bons amis en médisance ne se démentent pas sur ce point.

Lady Teazle. — Vraiment, je voudrais qu’il laissât Maria l’épouser, et peut-être alors serait-il fixé ; n’êtes-vous pas de cet avis, monsieur Surface ?

Joseph, à part. — Non pas, diable ! (Haut.) Oh ! certainement ! car alors ma chère lady Teazle serait convaincue aussi de l’injustice de ses soupçons, quand elle m’attribuait quelque dessein sur cette sotte fille.

Lady Teazle. — Bien, bien, je ne demande pas mieux que de vous croire. Mais n’est-ce pas une indignité, que les méchancetés sans nom qu’on dit des gens ?… Voici mon amie, lady Sneerwell, qui a répandu sur mon compte je ne sais combien d’histoires scandaleuses, et tout cela aussi sans le moindre fondement… et c’est ce qui m’irrite.

Joseph. — Oui, madame, à coup sûr, voilà ce qu’il y a de plus irritant… sans fondement. Oui, oui, voilà le point humiliant, en vérité ; car, lorsqu’une histoire scandaleuse s’accrédite contre quelqu’un, il n’y a certainement pas de consolation plus grande que la conscience de l’avoir mérité.

Lady Teazle. — Oui, je vous assure, en ce cas je leur pardonnerais leur méchanceté ; mais m’attaquer, moi qui suis au fond si innocente, et qui n’ai jamais dit du mal de personne… c’est-à-dire d’aucun de mes amis ; et de plus voir encore sir Peter si acariâtre, si soupçonneux,