Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Joseph. — Un instant !… Assurez-vous-en avant d’aller ouvrir : si c’était mon frère, j’ai une recommandation particulière à vous faire.

Le Domestique. — C’est milady, monsieur ; elle laisse toujours sa chaise devant la modiste, dans la rue à côté.

Joseph. — Attendez, attendez ; ouvrez ce paravent devant la fenêtre… (Le domestique obéit.) C’est bien… ma voisine d’en face est si curieuse… (Le domestique sort.) J’ai maintenant un rôle difficile à jouer. Lady Teazle a depuis quelque temps deviné mes vues sur Maria ; mais il ne faut pas absolument qu’elle reste dans le secret, — du moins jusqu’à ce que je la tienne davantage à ma discrétion.


Entre Lady Teazle.

Lady Teazle. — Comment, vous vous adressez un monologue sentimental ? Avez-vous été bien impatient ?… Ô Seigneur ! n’affectez pas cet air grave… Je vous jure que je n’ai pas pu venir plus tôt. (Elle passe.)

Joseph. — Oh ! madame, l’exactitude est une sorte de constance, de bien mauvais ton chez une grande dame. (Il avance des siéges, et s’assied après lady Teazle.)

Lady Teazle. — Sur ma parole, vous devriez me plaindre. Savez-vous que sir Peter est devenu depuis quelque temps si méchant pour moi et si jaloux de Charles également… ce n’est pas le moins drôle de l’histoire, n’est-ce pas ?