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par-dessus le marché, de catalogue… Allons, on commence !… Une fois ! deux fois ! trois fois !

Charles. — Bravo, Careless !… Eh bien, voici mon grand-oncle, sir Richard Raveline[1], qui fut, je vous assure, un merveilleux général dans son temps. Il fit toutes les guerres du duc de Marlborough, et gagna cette estafilade au-dessus de l’œil à la bataille de Malplaquet… Qu’en dites-vous, M. Premium ?… Examinez-le… c’est un héros, qui n’est pas déplumé comme le sont aujourd’hui vos capitaines de carton, mais qui porte dignement perruque et uniforme, comme il convient à un général… Combien voulez-vous en donner ?

Sir Oliver, bas à Moses. — Qu’il fasse lui-même son prix.

Moses. — M. Premium vous prie de parler vous-même.

Charles. — Eh bien, alors, je le lui laisse à dix livres[2], et ce n’est certainement pas cher pour un officier d’état-major.

Sir Oliver, à part. — Le ciel me protège ! son fameux oncle Richard pour dix livres ! (Haut.) Fort bien, monsieur, je le prends.

Charles. — Careless, adjugez mon oncle Richard… Voici maintenant une de ses jeunes sœurs, ma grand’tante Deborah, peinte par Kneller[3] dans sa meilleure manière, et que l’on

  1. Sir Richard Ravelin ou Demi-lune, ouvrage de fortification.
  2. 250 francs.
  3. Portraitiste du xviie siècle, élève de Rembrandt, premier peintre de Charles II, jouit d’une réputation