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dont ils avaient à supporter toute l’horreur. Ils n’avaient d’autre nourriture que les végétaux de leur jardin, et le lait d’une vache, qui en avait fort peu pendant l’hiver, et que ses maîtres pouvaient à peine soutenir. Il leur est arrivé souvent, je crois, de souffrir des atteintes poignantes de la faim, surtout aux deux plus jeunes habitans de la chaumière, qui, plusieurs fois, plaçaient à manger devant le vieillard, sans se rien réserver.

» Ce trait de bonté me toucha sensiblement. J’avais l’habitude, pendant la nuit, de dérober une partie de leurs provisions pour ma propre consommation ; mais, touché de la peine que je faisais à ces excellentes gens, je cessai, et me