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des yeux insipides, qui paraissaient presque de la même couleur que leurs blanches et sombres orbites ; une peau ridée, et des lèvres noires et serrées l’une contre l’autre. Les différens événemens de la vie ne sont pas aussi variables que les sensations du cœur humain. Je n’avais pas cessé de travailler pendant près de deux ans, dans le seul but de donner l’être à un corps inanimé. Dans cette vue, j’avais négligé mon repos et ma santé : j’avais désiré atteindre ce but avec une ardeur immodérée ; et, maintenant que j’y étais parvenu, la beauté du rêve s’évanouit ; mon cœur se remplit d’une horreur et d’un dégoût affreux. N’ayant pas la force de soutenir la vue de l’être que j’avais