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On ne saurait imaginer la variété des sentimens qui m’agitaient, comme une tempête, dans le premier enthousiasme de mon heureuse entreprise. La vie et la mort me parurent des limites idéales ; j’allais bientôt les franchir ; j’allais verser un torrent de lumière sur l’obscurité du monde. Une nouvelle génération me bénirait comme son créateur et sa source : une foule d’êtres heureux et excellens me devraient leur existence. Aucun père ne pourrait réclamer la reconnaissance de son enfant, autant que je mériterais la sienne. En poursuivant ces réflexions, je pensai que si je pouvais animer une matière inerte, je pourrais, avec le temps (quoique je le regardasse alors