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138 OEUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

crainte et l'adoration ; tout-puissant ennemi ! Je te maudis ! Que la malédiction d’un patient t’étreigne, toi son bourreau, comme un remords ! Jusqu'à ce que ton Infinité soit pour toi une robe d’agonie empoisonnée ; et ton Omnipotence une couronne de douleur, qui se colle, cercle d’or brûlant, autour de ta cervelle dissoute ! « Amoncelle sur ton âme, en vertu de cette malédiction, les œuvres du mal, et que la vue du bien soit ton supplice : tous deux infinis, comme est l’univers, et toi, et ta solitude qui est son propre bourreau. Quoique tu sois maintenant une puissante image de calme Pouvoir, l'heure viendra où tu apparaîtras ce que tu es intérieurement ; et après nombre de crimes perfides et sans fruit, la honte suivra à la trace ta chute traînante à travers l’espace et le temps sans bornes ! »

PROMÉTHÉE

Sont-ce bien là mes paroles, ô ma mère ?

LA TERRE

Ce sont bien tes paroles.

PROMÉTHÉE

Je m'en repens ; ce sont de vives et vaines paroles ; le chagrin est souvent aveugle, et tel fut le mien. Je veux qu'aucune créature vivante ne souffre.

LA TERRE

Malheur, oh ! malheur à moi, que Jupiter à la fin triomphe de toi ! Pleurez, gémissez hautement, Landes et Mers, le cœur déchiré de la terre vous répondra ! Pleurez, Esprits des vivants et des morts, votre refuge, votre appui est tombé, et vaincu !