« On n’a guère vu d’esprit dont la pensée planât plus haut et plus loin des choses réelles. Un profond sentiment germanique allié à des émotions païennes a produit sa poésie, poésie panthéiste, et pourtant pensive, presque grecque et pourtant anglaise, où la fantaisie joue comme une enfant folle et songeuse avec le magnifique écheveau des formes et des couleurs. Mais quelle ardeur secrète par delà ces splendides images, et comme on sent la chaleur de la fournaise par delà les fantômes colorés qu’elle fait flotter sur l’horizon ! Quelqu’un depuis Shakespeare et Spencer a-l-il trouvé des extases aussi tendres et aussi grandioses ?… Tout vit ici. tout respire et désire. » TAINE Hisltiirc (Ir lu liltcrtidirc ani/luiac.
« Wordsworth avait chanté l’hymen de la nature et de Ihonnne ; Shelley, c’est l’hymen même qui s’accomplit dans toute livresse de la jeunesse, hymen incessamment renouvelé de lame en ce qu’elle a de plus profond, de plus passager ou de i)lus intime, avec toutes les apparences de la nature les plus durables ou les plus évanescentes… Dans la vie réelle, cette puissance d’enchantement et d’illusion a transfiguré les êtres quelle rencontrait et qu’elle transportait au ciel, quitte à retomber brisée sur la terre sous les insultes-et les trahisons de la réalité. Ainsi tous ses rêves ont été vécus, comme toute sa vie a été rêvée. Sa destinée d’homme et de poète s’est épanouie tout entière, les racines dans la vie, la fleur dans le songe. Impossible de distinguer Ihomme du poète ; ils ne font qu’un dès le premier battement, et delà la réalité saisis- sante de ces créations nuageuses et la variété infinie de leur monotonie. ». JAMES DARMFSTETER. Essais de littérature anglaise, 1883.
« Saisir nellement certains aspects de la vie et les rendre avec perfection ne satisfait pas pleinement Shelley. Il cher-