72 CEUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY
cependant, comme l’abeille retournant vers sa reine, elle attachait les plus charmantes sur le front de sa sœur, qui, douce et modeste, baisait la folâtre enfant, qui ne tremblait plus devant la baguette brisée.
« La lente nécessité de la mort devint douce ; l'Esprit tranquille défaillit sous sa main sans un gémissement, presque sans une crainte, — calme comme un voyageur sur quelque terre lointaine, et, comme lui, plein d'émerveillement, plein d’espérance. Les germes mortels de langueur et de maladie périrent dans le corps humain, et la pureté enrichit de tous ses dons ses terrestres adorateurs. Quelle vigueur alors dans la forme athlétique de la vieillesse ; quel éclat sur son front ouvert et sans rides, où ni l'avarice, ni l'artifice, ni l’orgueil, ni le souci n’avaient imprimé le sceau dune grise difformité sur tous les traits entre-croisés du temps ! * Qu’il fut aimable le front intrépide de la jeunesse, que le courage au doux regard parait de la plus fraîche grâce ! Courage de l'âme qui ne rêvait plus un vain nom, volonté élevée qui voyageait à travers la scène fantasmagorique de la vie en toute intrépidité , en compagnie de la vertu, de l’amour et du plaisir, la main dans la main !
« Alors, ce doux servage qui est l’être de la liberté, et qui rive des plus doux liens de la sensation les sympathies fraternelles des êtres humains, n’eut plus besoin des chaînes d'une loi tyrannique. Ces délicates et timides impulsions jaillirent de nouveau dans la primitive modestie de la nature, et avec une entière confiance laissèrent éclater les désirs naissants de son amour à l'aurore, que ne réprimait plus une idiote et égoïste chasteté, cette vertu des gens vertueux à bon marché, qui s'enorgueillissent de leur insensibilité et de leur