70 œUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY
Partout la terreur a disparu. L’homme a perdu sa terrible prérogative , et vit égal au milieu d’égaux. Le bonheur et la science, bien que tardifs, rayonnent enfin sur la terre ; la paix anime l’esprit, la santé renouvelle le corps. La souffrance et le plaisir cessent de combattre ; chacun, affranchi, déploie sur la terre ses irrésistibles énergies, et y porte le sceptre d’un vaste empire ; toutes les formes et tous les modes de la matière prêtent leur force à l’omnipotence de l’esprit, qui de sa mine obscure lire le diamant de la vérité pour en décorer son paradis de paix. »
IX
« Ô heureuse Terre ! réalité du Ciel, auquel aspirent ces Ames sans repos qui incessamment se pressent à travers l’univers humain ! Toi, la consommation de toute mortelle espérance ! Toi , glorieuse conquête dune volonté travaillant en aveugle, dont les rayons, dispersés à travers tout l’espace et le temps, convergent en un seul point, et s’y confondent pour toujours ! Toi,
pur séjour des très purs esprits, où soucis et chagrins,
impuissance et crime, langueur, maladie, ignorance, n’osent paraître ! Ô heureuse Terre, réalité du Ciel ! *
« Le Génie t’a aperçue dans ses rêves passionnés ; et d’obscurs pressentiments de ta beauté, hantant le cœur humain, y ont profondément enraciné ces espérances de quelque doux lieu de bonheur, où amis et amants se rencontrent pour ne plus se séparer. Tu es la fin de tout désir et de toute volonté, le finit de toute action ; et les âmes, qui après avoir traversé le changement perpétuel du désir ont atteint ton port d'interminable paix, s’y