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26 ŒUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

                          III

« Fée, » dit l’Esprit ; et il fixait ses yeux éblouis sur la Reine des Enchantements, « je te remercie. Tu m’as fait une faveur que je n’abdiquerai jamais, et appris une leçon que l’on ne peut plus désapprendre. Je connais 1e passé, et j’essaierai d’en glaner un avertissement pour l’avenir, en sorte que l’homme puisse profiter de ses erreurs et tirer l’expérience de sa folie ; car, quand le pouvoir de communiquer le bonheur en égalera 1a volonté, l’âme humaine ne demandera pas d’autre ciel.

              MAB 

« Tourne-toi, Esprit supérieur ! Il reste encore bien des choses à examiner. Tu sais combien l’homme est grand et tu connais sa faiblesse. Il te reste à apprendre ce qu’il est, à apprendre la sublime destinée que le temps infatigable réserve à toute âme vivante.

« Regarde ce somptueux palais, qui, au milieu de cette populeuse cité, dresse ses mille tours et semble lui- même une autre cité. De sombres troupes de sentinelles en rangs sévères et silencieux, lui font une ceinture. Celui qui l'habite ; ne peut être libre ni heureux. N’entends-tu pas les malédictions des orphelins, les gémissements de ceux qui n'ont pas d’amis ? Il passe, le Roi portant la chaîne dorée qui He son âme à l’abjection ; le fou, que les courtisans appellent du sobriquet de monarque, tandis qu’il est l’esclave des plus vils appétits... Cet homme ne parle point l’oreille aux cris de la misère ; il sourit aux profondes imprécations que l’indigent murmure en secret, et une sinistre joie envahit son cœur exsangue, quand des milliers d’êtres aspirent en sanglotant après ces miellés que sa folie gaspille dans une