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230 ŒUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

immense, inondé d’éclairs, était rayé de poutres noir- cies, et tout autour étaient étendus des femmes, des enfants et des hommes massacrés pêle-mêle.

XL VII

Je descendis vers la fontaine, sur la place du marché, et je vis ces (cadavres, leurs yeux rigides grands ouverts fixés sur la face l'un de l’autre, et sur la terre et sur l’air vide, et sur moi-même, tout près de la fontaine où je me penchai pour étancher ma soif. — Je reculai en la goûtant, elle avait l’amertume salée du sang ; j’attachai près d’elle mon coursier, et cherchai en toute hâte s’il y avait encore quelque vivant dans ce spectral désert.

XLVIII

Il n’y avait rien de vivant, qu'une femme que je ren- contrai errant dans les rues ; quelque étrange misère avait changé en démon celle apparence humaine. Aussitôt qu’elle entendit mes pas, elle sauta sur moi, et colla ses lèvres brûlantes aux miennes, poussa un long, retentissant et frénétique échu de lire de joie, et cria : « Maintenant, mortel, tu es profondément abreuvé des bleus baisers de la Peste... bientôt des millions d’autres baisers le feront raison !

XLIX

« Mon nom est la Peste ! Ce sein desséché nourrit autrefois deux enfants, une sœur et un frère... Quand je rentrai à la maison, l’un était couché dans le sang de trois mortelles blessures ; les flammes avaient dévoré