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LAON ET CYNTHNA 129

res profondeurs marmoréennes — un seul instant aper- çues ; car l’instant d’après le Serpent obéit à sa voix, et, doucement replié, se reposa dans son embrassement.

XXI

Alors elle se leva et me sourit avec des yeux sereins, quoique tristes, semblable aune belle planète, qui, pendant que la lumière du jour s’attarde encore dans les cieux, fend l’air rouge sombre de ses perçants rayons ; puis elle dit : « 11 est sage de s’affliger ; mais vain et faible était le désespoir qui du sein du som- meil ta conduit ici. Tu apprendras cela, et bien plus encore, si tu oses nous accompagner moi et ce Serpent sur l'abime... un étrange et divin voyage. »

XXII

Sa voix avait l’accent si étrange et si triste, et cependant si doux, de quelques voix aimée qu’on n’a pas entendue depuis longtemps. Je pleurai. « Cette femme si belle aller toute seule sur la mer avec ce terrible Serpent ! Sa tète repose sur son cœur, et qui peut savoir le peu de temps qu’il lui faut pour dévorer sa faible proie ? » — Telles étaient mes pensées , quand la marée commença à monter ; et cet étrange bateau, comme l’ombre de la lune, glissa sur les flots, au milieu des étoiles réfléchies par les eaux.

XXIII

Un bateau d’un rare dessin, qui n’avait d’autre voile que sa propre proue recourbée de mince pierre de lune, travaillée connue un tissu d’une trame fine et légère, pour emprisonner ces aimables brises qu’on n’entend pas souiller, et qui se devinent seulement à la vitesse sou-