126 œUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY
atteintes des serres de l’Aigle, comme des étincelles dans les ténèbres ; sur leurs traces le sang tache l’écume de neige du tumultueux abîme.
XII
Les chances se succèdent avec rapidité dans ce combat ; nombreuses alternatives de victoires et de défaites, une noire et sauvage mêlée ! Quelquefois le Serpent parvient à étreindre le cou de son ennemi dans les rigides anneaux de sa corde de diamant, jusqu’à ce que l'Aigle, affaibli par la souffrance et la fatigue, relâche son vol puissant et flotte languissamment près de la mer, désespérant de venir à bout de son adversaire, qui alors lève sa croie rouge et enflammée, rayonnant de sa victoire.
XIII Alors sur le bord blanchissant de la vague entr ’ouverte, où ils sont tombés ensemble, le Serpent voudrait relâcher son étreinte étouffante, et fouetter le vent de ses sauvages anneaux ; et pour briser la chaîne de son tourment, le vaste oiseau voudrait secouer la force de ses invincibles ailes, et, par un effort désespéré de son cou musculeux, rompre d’un choc soudain les anneaux qui l’enchaînent, puis prendre son essor avec la rapidité de la fumée qui s’échappe d’un volcan.
XIV
La ruse déjouait la ruse, et la force résistait à la force, dans un long, mais indécis combat. Enfin cette lutte prodigieuse trouva son terme. Elle dura jusqu’à ce que la lampe du jour fût tout à fait éteinte : alors, épuisé, raidi, déchiré, ce puissant Serpent resta suspendu sur