LAON ET CYTHNA 115
convention. C’est parce qu’il y a trop de vices artificiels qu’il y a si peu de réelles vertus. Les sentiments seuls de bienveillance ou de malveillance constituent l’essence du bien ou du mal. La circonstance dont je parle, toutefois, n’a été introduite que pour accoutumer les hommes à cette charité et à celte tolérance qui doit trouver son encouragement dans l’exhibition d'une pratique tout à fait différente de la leur (1). Rien en vérité ne serait plus funeste que beaucoup d’actions, innocentes en elles-mêmes, qui pourraient attirer sur les individus le mépris superstitieux et la fureur de la multitude.
(1) Les sentiments caractéristiques de cette circonstance ou ceux qui s’y rattachent n’ont aucun rapport personnel à l’auteur. (Shelley).
Cette circonstance est celle du lien fraternel qui unit les deux héros du poème, les deux amants, Laon et Cythna ; Shelley dut, bien malgré lui, faire disparaître dans l’édition définitive toute trace de cette fraternité ; nous traduisons ici l’édition primitive, telle qu’elle est sortie des mains du poète, nous contentant d’indiquer en note les variantes qui lui furent imposées dans la nouvelle édition qui a pour titre : la Révolte de l’Islam. Voir à ce sujet notre Étude sur Shelley, qui accom pagne cette traduction.