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LAON ET CYTHNA 107

à une incapacité naturelle de la sympathie humaine en face de des thèmes sublimes et encourageants. C’est l’affaire du poète de communiquer aux autres le plaisir et l’enthousiasme résultant de ces images et de ces sentiments, dont la vivante présence dans son propre esprit est à la fois son inspiration et sa récompense.

La terreur panique, qui, durant les excès inséparables de la Révolution française, s'était répandue comme une frénésie épidémique sur toutes les classes de la société, fait place insensiblement à un état plus sain des esprits. On a cessé de croire que toutes les générations de l’espèce humaine doivent se résigner à l’héritage désespéré de l’ignorance et de la misère, parce qu’une nation qui avait été dupe et esclave pendant des siècles s’est montrée incapable de se conduire avec la sagesse et le calme d’hommes libres, le lendemain du jour où elle avait vu tomber quelques-unes de .ses chaînes. Que sa conduite n’ait pu se signaler par d’autres caractères que la férocité et l’insanité, c’est là un fait historique dont la liberté tire toute sa justification, et le mensonge toute sa laideur. Il y a dans la marée des choses humaines un reflux qui porte les espérances naufragées des hommes dans un port assuré, quand la tempête est passée. Il me semble que ceux qui vivent aujourd’hui survivent à un âge de désespoir.

La Révolution française peut être considérée comme une des manifestations de ce malaise produit dans les sociétés civilisées par un défaut d’harmonie entre le progrès de la science, d’un côté, et celui qui doit résulter de la graduelle abolition des institutions politiques, de l’autre. L’année 1789 a été la date d’une des crises les plus considérables produites par ce malaise. Les sympathies qui se rattachaient à cet événement se sont fait sentir à tout cœur humain. Les plus généreuses et les plus aimantes natures y ont pris la plus large part. Mais on en attendait un tel résultat de bien sans mélange, qu’il était impossible de le voir réaliser. Si la Révolution avait complètement réussi, alors la tyrannie et la superstition auraient perdu à demi leurs droits à