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ŒUVRES EN PROSE

goïsme ou le préjugé, car votre religion, ô Catholiques, n’a pas été exempte de taches. Dans les siècles passés, elle a été souillée par des crimes, que vous devez mettre votre gloire à effacer.

Vous aussi, Protestants, votre religion n’a pas toujours été caractérisée par la douceur bienveillante que Jésus-Christ recommandait.

Si la chose n’était pas en dehors du sujet présent, je pourrais expliquer l’esprit d’intolérance qu’ont montré les deux religions. Je me bornerai cependant à mentionner le fait, et je vous exhorterai très sérieusement à extirper de vos esprits tout ce qui pourrait conduire au défaut de charité, à réfléchir que vous-mêmes vous pouvez, tout comme vos frères, être dans l’erreur. Nul n’est infaillible sur terre. Les prêtres qui y prétendent sont de coupables et méchants imposteurs ; mais c’est une imposture qu’on prend plus ou moins à son compte, quand on encourage en son cœur, le préjugé contre ceux qui sont d’une opinion différente, ou quand on présente sa propre religion comme la seule honnête et vraie, alors que personne n’est assez aveugle pour ne pas voir que toute religion est bonne et vraie, qui rend les hommes bienfaisants et sincères.

J’engage donc sérieusement Protestants et Catholiques à agir en frères, avec concorde, à ne jamais oublier, parce que les Catholiques seuls sont privés odieusement de droits religieux, que les protestants et certaine classe de peuple, quelle que soit sa religion, partagent avec eux tout ce qui reste de terrible, d’irritant, d’intolérable dans l’ensemble des griefs politiques.