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ŒUVRES EN PROSE

d’une nécessité immédiate, que les individus soient bons ou mauvais. Il est plus nécessaire encore, s’ils sont dans ce dernier cas, de pallier jusqu’à un certain point, ou de faire disparaître la cause, attendu que les instructions politiques ont toujours la plus grande influence sur le caractère de l’homme, et c’est la seule différence qu’il y ait entre le Turc et l’Irlandais.

Maintenant je n’écris pas seulement en vue de l’Émancipation catholique, mais pour l’Émancipation universelle, et cette Émancipation complète et absolue, qui s’appliquera à tout individu sans distinction de nation ou de principes, qui enveloppera dans ses plis tout ce qui pense et sent. La cause catholique est secondaire, et son succès n’est que l’acheminement à cette grande cause qui n’a point pour objet une secte, mais la société, pas d’autre but que le bonheur, n’est d’aucun parti, mais est du peuple.

Je désire l’Émancipation catholique, mais je désire ne pas m’en tenir là, et j’espère que bien peu, après avoir parcouru les arguments qui précèdent, refuseront de partager avec moi le désir d’une amélioration complète, durable, heureuse.

Toutes les mesures que l’on pourra prendre, si bonnes et si salutaires qu’elles soient, toutes les réformes qui pourront être accomplies conformément à la Constitution britannique ne peuvent être que subordonnées, préparatoires à la grande et durable réforme qui amènera la paix, l’harmonie, et le bonheur de l’Irlande, de l’Angleterre, de l’Europe, du monde.