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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

dureté de cœur. Elles montrent que vous êtes fortement attachés à votre cause, et que la vertu et la sagesse sont nécessaires au vrai bonheur, à la vraie liberté.

L’Émancipation catholique est, à mon avis, une chose sûre. Je ne vois absolument rien que la violence et l’intolérance de votre part qui puissent donner prétexte à vos ennemis pour prolonger votre esclavage. Les autres injustices dont vous supportez le poids disparaîtront probablement aussi. Vous serez reconnus les égaux du peuple anglais en ses droits et privilèges, et vous serez tout aussi indépendants à tous les points de vue, en ce qui concerne l’État, tout aussi heureux.

Et maintenant, Irlandais, un nouvel et plus vaste horizon s’ouvre à mes yeux. Je ne puis me dispenser de m’en entretenir avec vous, si peu que ce sujet semble convenir à votre situation actuelle.

Il s’agit d’une chose qui intéresse profondément le bien-être de vos enfants et de vos petits-enfants, d’une chose qui vous montrera peut-être bien mieux que tout autre argument l’avantage et la nécessité de la réflexion, de la modération, de la régularité, le bénéfice qu’il y a pour vous d’éviter les propos vains et sots ; de faire voir en vous des hommes capables de devenir bien plus sages, et plus heureux que vous ne l’êtes aujourd’hui ; car des habitudes pareilles n’auront pas seulement pour résultat de remédier heureusement à vos griefs actuels et immédiats ; elles contiendront un germe qui, le temps venu, grandira pour devenir l’arbre de liberté et donner comme fruit le bonheur.