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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

Ceux des Anglais et ceux de leurs gouvernants sont en opposition. Il faut que cela ait une fin.

La qualité d’un gouvernement, c’est de rendre heureux les gouvernés. Si les gouvernés sont misérables et mécontents, le gouvernement a manqué son but. Il faut le changer et l’améliorer. Il sera amélioré, et cette réforme du gouvernement anglais aura de bons résultats pour les Irlandais, — pour tout le genre humain, excepté pour ceux dont le bonheur est fait des douleurs d’autrui, et ce sera pour eux un véritable châtiment d’être privés de leur joie diabolique.

C’est, selon moi, un événement prochain, et il sera le point de départ de nos espérances en une époque qui développera la sagesse et la vertu à tel point qu’il ne restera pas un trou dans lequel puissent se cacher la folie ou la méchanceté.

Je voudrais, ô Irlandais, que vous soyez aussi attentifs, aussi réfléchis pour vos intérêts que le sont vos vrais amis.

Ne buvez pas, ne jouez pas, ne perdez pas votre temps à des choses frivoles. Ne prenez pas à la lettre ce qu’on vous dit. Il y a nombre de gens qui vous mentiront pour faire leur fortune, vous ne sauriez rendre un plus grand service à votre cause qu’en décevant les espoirs de ces gens-là. Méditez, conversez, lisez : que votre situation, que celle de vos femmes, que celle de vos enfants occupent tout votre esprit. Répudiez tout ce qui tient de près ou de loin à la violence. Tenez des réunions si vous le voulez, mais qu’elles ne soient pas des attroupements. Si vous réfléchissez, si vous lisez, si vous