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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

patriotes, jusqu’à ce qu’enfin une causerie pleine d’abandon vous amène à boire un pou trop copieusement, de même que vous avez senti avec passion, vous devez méditer avec sang-froid.

Rien ne dure de ce qui est hâtif.

Mettez de côté l’argent que vous dépensez d’ordinaire à vous procurer l’ivresse et la maladie, pour l’employer au soulagement de vos compatriotes malheureux.

Que dès le berceau vos enfants bégaient le mot de liberté, que votre lit de mort leur soit une école de nouveaux efforts, que chaque rue de la cité, chaque champ de la campagne rappelle des pensées qu’a sanctifiées la liberté ! Soyez ardents pour votre cause, et néanmoins raisonnables et tolérants ; que jamais l’oppresseur ne vous contraigne à justifier sa conduite, parce que vous aurez copié sa bassesse.

Je l’avouerai, bien des circonstances peuvent excuser ce qu’on appelle une rébellion, mais il n’est pas de circonstances qui puissent jamais la rendre utile à votre cause, et si honorable qu’elle soit pour vos sentiments, elle ne fera guère briller votre jugeotte. Elle vous enchaînera d’un lien plus fort au poteau de l’oppresseur, et les enfants de vos enfants, tout en se contant vos exploits, éprouveront que vous leur avez porté tort au lieu de leur faire du bien.

Une crise approche qui décidera de votre destin.

Le roi de la Grande Bretagne est arrivé au soir de ses jours. Il s’est opposé à votre émancipation. Il s’est montré hostile envers vous, mais dans