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cette imperfection n’entre nullement dans le parti que les hommes prennent en se soumettant à son institution. Tous les raisonnements qui tendront à jeter quelque lumière sur un sujet si obscur et si embrouillé jusque présent, ne peuvent, s’ils sont formulés avec précision, manquer d’impressionner très profondément l’espèce humaine, parce que c’est une question où sont vitalement intéressées la vie, la propriété, la liberté, et la réputation de chaque homme. Pour procéder avec une méthode intelligible, admettons les distinctions ordinaires de la loi, cel- les des lois civiles et criminelles, et de ses objets, les griefs publics ou particuliers. L’auteur de ces pages ne doit pas imposer silence à sa conviction que les principes, d’âpres lesquels on inflige géné- ralement un châtiment, sont essentiellement erro- nés, et qu’en général on en fait aux victimes de la loi une part dix fois plus forte que ne l’exige le bien de la société, en alléguant la réformation ou l’exemple. Selon lui, la passion exécrable de la vengeance, exaspérée par la crainte, est, malgré la dénégation universelle, la principale source parmi les causes secrètes de cette dispensation de la justice criminelle. Il croit aussi que dans les questions de propriété, il existe uneprédisposition inconsciente mais très efficacedans les cours de justice et chez les hommes de loi, contre le pauvre et en faveur du riche, contre le fermier en faveur du propriétaire, contre le créancier en faveur du débiteur, ce qui confirmeet éclaircit cette maxime célèbre, contre laquelle la science morale n’est