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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

veloutée du sourcil n’avait d’égale que la pourpre des longs cils qui formaient les bords de cet ample rideau. Les yeux de Rosalie étaient grands et largement ouverts. À distance ils paraissaient d’un noir uniforme, mais vus de plus près, on y apercevait d’innombrables petits traits d’une ténuité infinie, des teintes les plus variées et d’une extrême diversité, formant des cercles concentriques sous le cristal transparent bien propres à faire naître l’étonnement et l’admiration et qui ne pouvaient être que l’œuvre d’une puissance infinie dirigée par une sagesse infinie. »

L’union d’Alexy avec Aur-Ahebeh, l’esclave circassienne, est marquée par des circonstances profondément pathétiques, et les sentiments de la tendresse la plus douce. La description de ses souffrances et de la folie qui la saisit au moment de mourir, mérite d’être signalée comme la preuve d’une imagination vaste, profonde et pleine d’activité.

« Alexy, qui avait conquis l’amitié, peut-être l’amour de la naïve Rosalie, le bel Haïmatoff, le philosophe Haïmatoff, le hautain Haïmatoff, Haïmatoff si plein de gaîté, d’esprit, de distinction ; le hardi chasseur, l’ami de la liberté, l’amant chevaleresque de tout ce qui tient à la femme, le héros, l’enthousiaste, contemplez-le maintenant, c’est lui, regardez-le bien !

» Il se montre dans les ombres du soir, il avance avec la lente démarche d’un spectre, il vient de surgir des vapeurs du charnier, voyez, la rosée en est encore suspendue à son front. Il disparaî-