dans son cours, et nous avons de la peine à croire que ce rictus qui doit suivre Mandeville jusque dans la tombe, ne soit pas imprimé sur notre propre visage.
II
SUR FRANKENSTEIN[1]
Le roman de Frankenstein, ou le Prométhée moderne est incontestablement, en tant que simple récit, une des productions les plus originales et les plus complètes du jour. Nous discutons en nous-mêmes avec étonnement, au cours de notre lecture, quelle a pu être la série de pensées, — quelles ont pu être les circonstances particulières qui l’ont fait naître, — d’où sont sorties, dans l’esprit de l’auteur ces extraordinaires combinaisons de motifs et d’incidents, et cette saisissante catastrophe qui forment son récit. Il y a peut-être quelques détails d’une importance secondaire, qui prouvent que c’est là le premier essai de l’auteur. Mais pour en juger, il faudrait un discernement très subtil, et nous pouvons nous y tromper, car l’ouvrage est mené d’un bout à l’autre d’une main forte et ferme. L’intérêt s’accroît par une gradation bien ménagée, et on marche vers le dénoûment avec l’accélération de rapidité que prend un
- ↑ Tiré des Shelley’s Papers, 1883.