Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/324

Cette page a été validée par deux contributeurs.
306
ŒUVRES EN PROSE

dans son cours, et nous avons de la peine à croire que ce rictus qui doit suivre Mandeville jusque dans la tombe, ne soit pas imprimé sur notre propre visage.


II

SUR FRANKENSTEIN[1]


Le roman de Frankenstein, ou le Prométhée moderne est incontestablement, en tant que simple récit, une des productions les plus originales et les plus complètes du jour. Nous discutons en nous-mêmes avec étonnement, au cours de notre lecture, quelle a pu être la série de pensées, — quelles ont pu être les circonstances particulières qui l’ont fait naître, — d’où sont sorties, dans l’esprit de l’auteur ces extraordinaires combinaisons de motifs et d’incidents, et cette saisissante catastrophe qui forment son récit. Il y a peut-être quelques détails d’une importance secondaire, qui prouvent que c’est là le premier essai de l’auteur. Mais pour en juger, il faudrait un discernement très subtil, et nous pouvons nous y tromper, car l’ouvrage est mené d’un bout à l’autre d’une main forte et ferme. L’intérêt s’accroît par une gradation bien ménagée, et on marche vers le dénoûment avec l’accélération de rapidité que prend un

  1. Tiré des Shelley’s Papers, 1883.