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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

tes aux gens de toutes religions, du moment qu’ils sont vertueux. Mais les protestants, bien qu’au fond du cœur, ils aient cette opinion, et ils l’ont nécessairement pour peu qu’ils réfléchissent, paraissent agir comme s’ils croyaient être plus agréables à Dieu que vous. Ils ne confient qu’à des gens de leur secte les rênes du gouvernement terrestre. En dépit de cela, je n’en ai jamais trouvé d’assez impudent pour dire qu’un catholique romain, ou un quaker, ou un juif, ou un mahométan, qui serait un homme vertueux, et qui ferait tout le bien dont il est capable, irait au ciel d’un pas un peu moins rapide, s’il ne souscrivait pas aux trente-neuf articles. Et s’il le disait, quelle prétention ridicule chez un plat faquin qui n’a pas même six pieds de haut de vouloir diriger l’esprit de l’universelle harmonie, et lui montrer de quel côté il doit orienter les affaires du monde.

Au dire des protestants, il y eut un temps où les catholiques romains brûlaient et massacraient les gens qui étaient d’un autre sentiment, et leurs doctrines religieuses seraient aujourd’hui ce qu’elles étaient alors. Cela est la vérité même. Il est certain que vous rendez à Dieu le même culte qu’au temps où avaient lieu ces barbaries, mais est-ce là une raison pour que maintenant vous soyez barbares ?

Cette supposition est aussi raisonnable que celle d’après laquelle, parce que le grand-père d’un juif aurait été pendu pour vol de moutons, moi qui professe la même religion je serais destiné à commettre le même crime.