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DE PERCY BYSSHE SHELLEY

Irlandais qui ne seraient pas humiliés à la pensée d’un tel rôle, bien moins encore d’Irlandais qui voudraient le jouer.

Je sais qu’il y a des gens, non point parmi vous, mes amis, mais parmi vos ennemis, qui, en voyant le titre de cet appel, le prendront avec l’espoir qu’il recommandera les mesures violentes, afin de déshonorer ainsi la cause de la liberté, avec l’espoir que l’ardeur d’un cœur, désireux de voir la liberté devenir un bien commun à tous, s’épuise et se gaspille en injures contre les ennemis de la liberté. Ce sont là de méchants hommes qui méritent le mépris des gens de bien, et il ne faudrait pas que ceux-ci manifestent leur indignation au détriment de leur cause. Mais ces pervers seront déçus.

Je sais que la chaleur des sentiments d’un Irlandais l’emporte parfois au delà des bornes de la prudence. Je ne vise point à détruire dans sa racine cette respectable ardeur, mais à la modérer. Cela trompera les espérances des champions de l’oppression, et ils auront le déplaisir de voir que l’on ne peut tirer de cet appel rien qui puisse être interprété autrement que comme le désir de vous inspirer cette modération qui leur fait défaut, d’obtenir de vous à leur égard cette tolérance qu’ils se refusent à vous accorder.

Vous professez la religion catholique romaine que vos pères professaient avant vous.

Est-ce ou n’est-ce pas la meilleure des religions ? Je ne le rechercherai pas ici. Toutes les religions sont bonnes, si elles rendent l’homme bon, et la manière dont il faut prouver que telle sorte de culte