Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
DE PERCY BYSSHE SHELLEY

leur. Elle était la dernière et la meilleure de sa race.

Mais des milliers d’autres personnes aussi distinguées qu’elle par leurs qualités privées, ont été moissonnées dans leur jeunesse et leur espérance.

Le hasard de sa naissance n’a rien ajouté à la vertu de sa vie, ni fait de sa mort un sujet plus digne d’affliction.

Elle n’a rien fait de bien ni de mal pour le public, son éducation l’avait rendue également incapable de l’un et de l’autre dans un sens large et compréhensif. Elle était née princesse, et ceux qui sont destinés à gouverner les hommes sont dispensés d’acquérir cette sagesse et cette expérience nécessaires pour se gouverner soi-même. Elle n’était point, comme Lady Jane Grey ou la reine Élisabeth, une femme d’une érudition profonde et variée. Elle n’avait rien fait, elle n’avait aspiré à rien, et ne pouvait rien entendre à ces grandes questions politiques qui intéressent le bonheur de ceux qu’elle était destinée à gouverner. Mais cela doit être considéré comme une parole de pitié et non de blâme ; ne disons pas de mal des morts.

Telle est la misère, telle est l’impuissance de la royauté.

Dès le berceau, l’on s’oppose à ce que les princes deviennent capables de mériter la récompense la plus grande après une bonne conscience, l’admiration et le regret du public.