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ŒUVRES EN PROSE

qui tende en quoi que ce soit, à gaspiller sur des objets insuffisants, ces ruisseaux féconds de sympathie qu’un deuil public donnerait l’occasion de répandre.

Cette solennité ne devrait être usitée que pour le cas d’une calamité considérable, ressentie comme telle par ceux qui aiment leur pays et l’humanité ; le caractère devrait en être universel et non particulier.


V


La nouvelle de la mort de la princesse Charlotte, et celle de l’exécution de Brandreth, de Ludlam et de Turner[1], sont arrivées presque en même temps. Si la beauté, la jeunesse, l’innocence, l’amabilité des manières, et la pratique des vertus domestiques suffisaient pour justifier l’affliction publique au sujet de leur extinction éternelle, cette intéressante dame mériterait bien ce déploiement de dou-

  1. Jérémiah Brandreth ou Coke, Ludlam et William Turner, condamnés à Derby par une commission spéciale en octobre 1817, furent exécutés dans cette ville de Nuns Green le 7 novembre. Tous trois avaient dirigé l’insurrection des carriers de Derbyshire, poussés à la prise d’armes par un agent provocateur du nom d’Olivier qui affirmait à Brandreth que tous les ouvriers de l’Angleterre répondraient à son appel. Ils prirent les armes, le 8 juin, et furent mis en déroute par les dragons, comme ils allaient à Nottingham où, d’après Olivier, un Parlement révolutionnaire siégeait dans la forêt.