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Ainsi le lierre aux branches torses
Met ses anneaux aux doigts d’écorce
De l’orme fier qui le soutient…
Je t’aime follement ! Je suis à toi !… Dors bien

Ils s’endorment.
Entre PUCK.
OBÉRON, s’avançant.

Salut, mon bon Robin !… Vois, le charmant tableau !…
Je vais prendre en pitié cet amour trop docile !
Ne l’ai-je pas, tantôt, trouvée au bord de l’eau,
Qui cherchait des douceurs pour ce triple imbécile !
Je l’en ai fait rougir, d’où nouvelle dispute !
N’avait-elle pas mis, sur ces tempes hirsutes,
Sa fraîche couronne de fleurs,
Où quelques gouttes de rosée
Roulaient, comme des pleurs
Qui témoignaient de leur douleur
De se voir ainsi méprisées !…
Blâmée, elle voulut par des moyens plus doux
Me faire absoudre sa conduite.
Et j’en obtins enfin le petit page hindou
Qu’elle envoya chercher par quelqu’un de sa suite,
Pour le mener chez moi, dans mon bosquet féerique.
Maintenant que je l’ai, je vais guérir ses yeux
De leur vision chimérique.
Toi, gentil Puck, enlève à ce rustre joyeux
Sa tête de bourrique,
Afin que, réveillé comme ces endormis,
Il s’en retourne en ville auprès de ses amis,